Par M. Ibrahima Nour Eddine DIAGNE
Administrateur Général de Gaïndé 2000
Les accords commerciaux régionaux en Afrique sont souvent mal appliqués, principalement à cause d’une absence ou d’un manque de volonté politique. Les obstacles sont nombreux et les coûts des transactions commerciales en Afrique sont élevés. La mise en place d’une Zone de Libre Échange Continentale (ZLEC) initialement prévue pour fin 2017, ainsi que l’expansion du E-commerce en Afrique ouvriront de nouvelles perspectives pour le développement du commerce intra-africain et le développement de l’exportation des marchandises vers le reste du monde. Le E-commerce est différent du commerce traditionnel pas seulement en raison du support électronique pour les transactions mais surtout pour les modèles économiques utilisés. Avec le commerce traditionnel, le processus de vente est souvent plus long et manque de transparence alors qu’avec le E-commerce le canal est plus court et plus transparent. Dans ce contexte, le commerce électronique peut réduire considérablement les coûts liés aux échanges, ouvrir l’accès au marché à de nouveaux acteurs africains dans le but de donner plus de valeur au commerce sur le continent. Le E-commerce peut donc être un formidable levier afin d’accroître le volume des échanges commerciaux entre pays africains. Comment cela peut-il se produire dans un contexte où des accords commerciaux régionaux et une zone de libre circulation des marchandises sont mis en place ?
LE COMMERCE ÉLECTRONIQUE EST DIFFÉRENT DU COMMERCE TRADITIONNEL
Le volume des échanges intra- africain reste encore trop faible comparés aux autres régions du monde. Les raisons sont multiples et souvent liées à une mauvaise application des accords commerciaux régionaux, au faible niveau d’industrialisation, aux coûts logistiques élevés, aux difficultés d’accès au marché et enfin aux nombreuses barrières non tarifaires. Bien que de nombreux accords commerciaux régionaux aient été conçus et adoptés, la situation du commerce intra-africain reste toujours en-dessous des attentes. Actuellement, la question relative à la zone de libre-échange continentale est sur la table et devait être adoptée en 2017 et mis en œuvre progressivement. Cela ferait de l’Afrique un marché unique si la vision initiale devient une réalité. Présentement, de nombreux accords commerciaux régionaux ont déjà été adoptés en Afrique par les cinq commissions économiques régionales sub-sahariennes que sont (EAC, ECOWAS, COMESA, SADC, CEAC). La plupart de ces accords commerciaux régionaux ont du mal à être mise en application. Les principaux obstacles identifiés sont les suivants :
• Un manque et une mauvaise qualité des infrastructures routières ;
• Le non-respect des standards adoptées ;
• La répétition des contrôles le long des frontières ;
• La corruption tout au long des corridors ;
• Le faible niveau d’informatisation et d’interconnexion des systèmes existants (les systèmes gouvernementaux et logistiques);
• Des règles de concurrence déloyales dans la plupart des services logistique
par une demande B2C tandis que le commerce traditionnel est soutenu par une logique B2B. En fait, le commerce électronique B2B est principalement la transformation numérique du commerce B2B traditionnel alors que le commerce électronique B2C constitue un nouveau modèle d’affaire, surtout en Afrique où le «marketing à distance» n’a jamais été aussi loin avant l’ère de l’internet.
• Le commerce électronique en Afrique est fortement dominé par la demande intérieure et l’importation de services, tandis que le commerce traditionnel combine l’importation et l’exportation de biens et de services. Cela signifie que pour un acheteur africain, en raison des coûts de la logistique transfrontalière, il est moins cher d’acheter des biens B2C en provenance d’Europe, des Etats-Unis ou de Chine qu’en Afrique. Mais pour les services B2C, l’Afrique a un potentiel, il n’y a pas d’obstacles logistiques.
• Le commerce électronique devient de plus en plus sophistiqué (big data, marketing intensif …) alors que le commerce classique reste traditionnel. Cela signifie que de plus en plus, le commerce électronique sera dominé dans le monde entier par des offres marketing intensives. C’est là que l’Afrique devrait s’efforcer de faire face aux défis du commerce électronique de demain.
• Le potentiel d’expansion du commerce électronique (amélioration du volume des exportations et du commerce intra-africain) est différent du potentiel d’expansion du commerce traditionnel en raison de la nature des biens ou services concernés, mais aussi des modèles économiques et des compétences en marketing requis. Cela signifie qu’un petit pays exportateur peut être transformé en un grand exportateur de services via le commerce électronique.
Dans ce contexte, comment le commerce électronique pourrait-il vraiment contribuer à accroître le commerce intra-régional de l’Afrique ?