Ibrahima Nour Eddine DIAGNE, Administrateur Général de GAINDE 2000 se prononce sur l’entreprenariat numérique de plus en plus investi par les jeunes notamment avec l’expansion des FINTECHS et START UP et les opportunités offertes par ce secteur.
Le numérique est un amplificateur d’opportunités dans la mesure où il limite la distance et permet de faire une offre de services à une communauté plus large. Il rapproche la connaissance en permettant d’avoir accès à des connaissances auxquelles nous n’aurions pas accès dans un contexte normal. Voilà deux aspects fondamentaux du numérique.
Que devraient-on faire pour les jeunes avec le numérique pour générer des emplois ?
Nous avons comme premier levier des acquis avec par exemple le cadre juridique qui a permis de donner une valeur légale à la transaction électronique, à la protection des données à caractère personnel sous la supervision d’une autorité qui supervise tout le dispositif en plus de la concurrence. L’Etat dans son rôle de légifération et d’organisation du secteur doit encadrer pour éviter les dérives mais en même temps, soutenir les écosystèmes pour générer des emplois dans le secteur.
Le deuxième levier pourrait, dans la génération de plateforme autour du service public et une logique de mutualisation, permettre aux jeunes entrepreneurs qui démarrent de ne pas avoir à investir beaucoup d’argent sur des plateformes et d’avoir la possibilité de mettre l’accent sur son offre de service. Certes, cela demande une pédagogie qui est encore balbutiante.
Contrairement à ceux de ma génération, les jeunes d’aujourd’hui qui nourrissent le rêve de mettre en place une entreprise riche et prospère ont beaucoup plus de chance avec une panoplie de financements disponibles.
Un des premiers obstacles est, qu’en amont de la conception de leurs projets, ils ne partagent pas leur idée pensant être piraté et veulent assurer toutes les activités administratives du projet.
L’important, est qu’au-delà de la pédagogie de l’entreprenariat, il faut mettre les jeunes sur des créneaux porteurs à forte valeur ajoutée. Sur ce registre, l’Etat a bien pensé, en mettant en place, un dispositif de guichet unique pour l’accompagnement, le financement, l’appui, la formation et l’encadrement pour l’entreprenariat en général et pour l’entrepreneuriat numérique en particulier.
Pourquoi le numérique en particulier ? Tout simplement parce qu’il permet de franchir les frontières du pays. C’est le cas lorsqu’un entrepreneur créé de la valeur ajoutée et arrive à capter des revenus qui ne sont pas générés au Sénégal et vis versa. Comme exemple, nous pouvons citer les jeux de pari avec des revenus non fiscalisés par le Sénégal et qui servent d’autres économies étrangères.
Il y a de véritables enjeux qui méritent une bonne réflexion stratégique pour positionner et protéger le Sénégal (17millions de consommateurs) tout en restant ouvert dans un monde de plus de 7milliards d’habitants. D’où notre part de marché à chercher dans cette économie digitale.
Dans les plateaux que je partage avec les jeunes, je constate que nous avons beaucoup de talents et pour ma part, c’est une grande fierté. Ils ont les compétences, la maturité et la volonté de réussir dans l’entrepreneuriat. Toutefois, je sens que le dispositif d’accompagnement, n’est pas encore aligné avec leur potentiel. Voilà un défi que nous devons relever aujourd’hui.
GAINDE 2000, en tant qu’entreprise, ne peut agir que dans le cadre de sa politique RSE, car nous ne sommes ni une grande entreprise, ni une autorité et encore moins une administration. L’idée est de pouvoir fédérer un écosystème autour du numérique avec les principaux acteurs en y associant les jeunes starts Up qui pourront en profiter.
Je ne pense pas que c’est un travail qui peut aboutir en laissant les choses se faire d’elles-mêmes. Prenons l’exemple de la Silicon Valley ou de Dubaï, qui ne sont pas arrivés à ce niveau par hasard. Donc pas d’illusions, il faut forcément une réflexion stratégique et un travail ardu. Sans cette réflexion nous ne pouvons pas créer de richesse. Être stratégique, c’est mettre en œuvre une construction invariable qui se réalise dans le temps et qui finit par produire les résultats escomptés.
GAINDE 2000, modestement, tente d’apporter sa contribution, en organisant des concours (GAINDE challenge entreprendre), en prenant des stagiaires, en faisant du coaching bénévole, ou tout autre action que nous pouvons faire par notre générosité, nos compétences et notre savoir-faire en direction de la jeunesse car nous croyons en ces jeunes. Nos actions sont visibles à l’échelle atomique bien sûr. Il faut que le secteur privé se réunisse autour d’un écosystème et que l’Etat, qui a la responsabilité d’organiser de façon vertueuse cette économie numérique, fasse en sorte que la dépense publique serve aux entreprises et que ces-dernières soient en mesure de nourrir des écosystèmes qui, à leur tour, génèrent des emplois et des revenus. En définitive, nous aurons plusieurs chaînes de valeurs ajoutées qui seront alimentées par la dépense publique et celle des grandes entreprises.
A titre d’illustration, considérons un financement conséquent reçu par une entreprise locale qui dépense une bonne partie de ce qu’elle reçoit au niveau local alimentant d’autres entreprises, ainsi de suite. Voilà une chaîne de valeur ajoutée qui vient d’être créée. En revanche, donner un marché à une entreprise étrangère ne créé aucune chaine de valeur ajoutée puisque que les revenus sont rapatriés. Voilà pourquoi nous militons fortement pour que, dans le domaine du numérique où les compétences locales sont avérées, nous puissions faire prévaloir des financements pour les entreprises locales.
Source : Hors-série spécial entreprises (Lejecos décembre 2022)