Ibrahima Nour Eddine Diagne analyse la place de l’éthique dans la révolution technologique.
L’Administrateur Général de GAINDE 2000 a été un des panélistes à la table ronde organisée en marge de la 6ème journée de la transition numérique organisée par eFutura, le 21 octobre 2021.
Les échanges ont porté sur le thème : « éthique, data et transition numérique ». D’emblée, il explique qu’en parlant d’éthique, l’on se réfère quelque part à la morale, à des sociétés, à un endroit localisé. Toutefois, si nous évoquons le digital, cette frontière de localisation disparaît. Par conséquent, résume –t-il, nous avons subitement affaire à un système qui ne repose plus sur un lieu mais sur ce que les technologies permettent de faire.
« Aujourd’hui, le problème de la temporalité se pose. Les données que nous collectons aujourd’hui, nous aurons demain des moyens technologiques que nous n’avons pas actuellement pour les exploiter. La manière d’avoir des systèmes de protection de données, cela fait sens par rapport à nos capacités technologiques », analyse M. Diagne. D’après lui, dans toutes les villes du monde, nous sommes filmés. Et il n’y a pas encore de technologie très puissante pour savoir exactement où est ce que vous êtes et qu’est ce que vous faites. Il se dit, toutefois convaincu que l’évolution technologique le permettra. Et ce sont des éléments qui vont faire bouger les frontières de l’éthique.
De l’avis de M. Ibrahima Nour Eddine Diagne, quelque part, l’éthique peut être un moyen de légitimer une situation. Tout cela peut être un moyen de contraindre une sorte de dérive.
« Le plus souvent, nous voyons la frontière éthique comme étant quelque chose qui protège et qui empêche des dérives.
Or, les technologies actuellement, dans leur évolution, montrent des failles », indique-t-il.
L’enjeu, pour lui, est de se dire, est ce que l’éthique a toujours un sens. « Les réglementations qui sont prises à travers le monde pour prévenir certaines dérives sont impuissantes car le principe de territorialité n’existe pas. Nous sommes dans une décennie 2020-2030 qui est décisive. Nous allons assister à une montée en puissance de la capacité technologique et en même temps, allons peut-être, engager la dislocation des sociétés puisque le fait géographique sera de moins en moins prépondérant », observe M. Diagne.
Il estime qu’au Sénégal, la question d’éthique n’est pas fondamentalement posée. « Nous sommes une société avec une certaine forme de cohésion. Nous avons des valeurs qui sont communément les mêmes , mais avec notre encrage. Ce qui fait qu’aujourd’hui la question de la réglementation des réseaux sociaux commence à se poser car, de plus en plus, des images sont diffusées à l’insu des personnes concernées. A ce titre, lorsque les valeurs cultures, religieuses et républicaines, qui sont assez fortes, se confondent, le chemin du consensus est très fin », ajoute-t-il.